... les millésimes, ou l'influence des conditions météorologiques ...


 

Un peu de théorie ...
Le millésime est l'année de naissance du vin. La date qui figure sur la bouteille correspond donc à l'année de la récolte du raisin, et non à celle de la mise en bouteilles ou de la mise sur le marché.

Cette information est cruciale puisque toute chose étant égale par ailleurs - terroir, cépage, viticulteur - la qualité de la production peut varier sensiblement d'une année sur l'autre. C'est vrai pour tous les vignobles, ça l'est particulièrement en Alsace où les vins sont des productions monocépages. En effet, les aléas climatiques d'une année ne peuvent pas être gommés ou atténués par une modification des assemblages, comme c'est le cas dans le bordelais par exemple.

Un bon millésime agit donc directement sur la qualité des vins en leur conférant un bon équilibre. Les composantes acide, sucrée, alcoolique et tannique sont en harmonie, le vin est riche de ces substances, ce qui lui donne de surcroît de meilleures aptitudes au vieillissement.

Les "bonnes" conditions climatiques apportent à la vigne ce dont elle a besoin - pas plus, pas moins - au moment où elle en a besoin. Connaître son cycle végétatif n'est donc pas inutile pour se forger soi-même une idée sur la qualité du millésime en cours.

Pour les millésimes passés, il existe des cartes des millésimes dans nombre de revues ou livres sur le vin. Elles sont élaborées suite à des dégustations du millésime concerné et réajustées si l'évolution des vins de cette année là n'est pas celle imaginée.


Le cycle végétatif de la vigne
  Hiver
Le repos hivernal : la vigne a perdu ses feuilles et entre dans sa période de repos végétatif. Le vigneron s'occupe de la taille de la vigne tout l'hiver, elle a pour but de maîtriser la production des raisins, maintenir l’équilibre végétatif de la plante et assurer sa longévité.

Printemps
 

Les pleurs de la vigne : la taille achevée, la sève monte et s’écoule par les plaies de taille : la vigne "pleure", ce qui traduit l’entrée en activité de son système racinaire.

Le débourrement : vingt à trente jours après les pleurs, selon le climat et la nature du sol, et aussi selon le cépage, on assiste à l'éclosion des bourgeons. Ils commencent à gonfler, puis à s’ouvrir sous l’effet de la température et de l’humidité. Leurs écailles protectrices s’écartent, laissant apparaître la "bourre". C’est le départ du cycle végétatif de la vigne: les jeunes pousses, d’un vert tendre, apparaissent ensuite et la feuillaison s’accélère dès que le sol se réchauffe.

L'inflorescence : à la suite du débourrement, les rameaux et le feuillage se développent, puis apparaissent de petites grappes avec des boutons minuscules qui vont grossir et s'épanouir en fleurs.

  Eté

La floraison : les fleurs apparaissent environ 8 semaines après le débourrement et durent dix à vingt jours pendant lesquels la vigne est très vulnérable aux intempéries, surtout au gel. Pour cette raison, des cépages tardifs sont parfois préférés dans les vignobles régulièrement victimes de gels printaniers.

La nouaison : un certain nombre de fleurs fécondées évoluent normalement en fruits : on dit qu’elles "nouent". Toutefois, certaines fleurs non pollinisées tombent : on dit qu’elles "coulent". Cette coulure naturelle peut parfois, lorsque les températures sont trop fraîches, prendre de l'importance et entraîner une baisse sensible de la récolte.

La croissance : pendant environ 6 semaines, chaque grain de raisin croît en volume sans changement important de sa composition chimique, si ce n'est une légère augmentation de son acidité.

Véraison et maturation : en général en août, la peau du raisin change de couleur ; de verte, elle devient -selon le cépage- blanc verdâtre ou dorée, ou encore rouge violacé. C'est le début de la maturation proprement dite, au cours de laquelle le grain va continuer à grossir, mais désormais en subissant de profondes transformations qui vont aller en s'accélérant jusqu'à la maturité complète : le taux d'acide tartrique augmente aux dépens de l'acide malique, puis diminue à son tour, alors que le taux de sucre continue à augmenter jusqu'à atteindre un maximum. La maturité du raisin correspond à ce maximum en sucre, et c'est le moment normal pour la vendange. La maturation dure environ sept semaines.

Automne
 

Passerillage et pourriture noble : si on décide de retarder la vendange, on assiste alors à la dessication du raisin et, par voie de conséquence, à l'augmentation du taux de sucre. En effet, lorsque le raisin est parvenu à maturité, les échanges cessent entre lui et la plante. La peau du raisin devient perméable, et l'eau contenue dans le raisin commence à s'évaporer. C'est le passerillage sur pied, une des formes que peut prendre la surmaturation. Dans ce cas , par temps humide, un champignon - le botrytis cinerea - peut alors se développer et altérer le fruit : c'est la pourriture grise. Mais dans des conditions climatiques idéales -humidité pas trop prolongée, suivie d'une bonne chaleur- qui ne sont réunies que certaines années dans quelques rares vignobles, le même champignon peut provoquer l'apparition d'une moisissure cendrée, appelée pourriture noble, qui accélère la déshydratation du fruit sans altérer ses qualités gustatives.

Les vendanges : la date des vendanges dépend de l’état de maturité des raisins puisque le plus important est de récolter des raisins mûrs et sains. De nos jours, le vigneron ne se fie plus seulement au ban des vendanges qui fixe pour chaque commune la date à partir de laquelle la cueillette est permise, mais il contrôle scientifiquement la maturité des raisins.

La chute des feuilles : les feuilles changent de couleur et tombent. La vigne entre dans la phase de repos végétatif. Depuis le début de la véraison., les matières de réserves synthétisées par les feuilles s’accumulent. De cette quantité de réserves ainsi stockée dépend l’équilibre physiologique de la plante, sa longévité.